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La fille d’Amy Dia: je vais m’ingérer en politique pas pour ma Maman mais pour les gens décédés injustement

Lors d’une conférence de presse organisée la fille d’Amy Dia détenue politique depuis 19 mois à demander la libération de sa Maman tombée malade en prison:
Depuis son arrestation on ne connaît que la souffrance.
La joie ne peut pas apparaître sur nos visages. Pendant 15 jours, ils sont venus à sa recherche au quartier et personne ne connaissait ma Maman au quartier. Si elle était terroriste tout le monde la connaîtrait au quartier.
Même le boutiquier du coin, on lui a demandé il leur a répondu qu’il ne connaissait pas ma Maman Amy Dia. Son quotidien c’était la boulot et la maison, toujours aux petits soins de ses enfants. Elle ne sortait jamais sans nous ses enfants. Elle ne connaît nul part. Un beau jour on la traite de terroriste. On la traite également de force spéciale, c’est la première fois de ma vie d’entendre ce mot.
Je me disais s’il y’a la démocratie au Sénégal. Si c’était à l’extérieur que ça lui était arrivé l’Etat aurait quel posture vis à vis d’elle pour l’aider à rentrer au pays?
Et c’est ce pays démocratique qui agit ainsi à l’accuser injustement et l’enfermer pendant 19 mois jusqu’à ce qu’elle tombe malade et qu’elle maigrit au point où elle est plus mince que moi, elle était très bien portante avant tout ceci pourtant. Quand je la parle je me demande si c’est vraiment ma Maman. Et on te donne juste quelques 10 petits minutes pour la voir. En rentrant tu as tous les problèmes pour trouver un moyen de transport et rentrer. Et tes inquiétudes renaissent sur l’état que tu vas la retrouver la prochaine visite et ce qu’elle peut endurer à nouveau. Tous les jours tu cours à gauche et à droite pour aller au marché, cuisiner pour elle, chercher un livreur et te demander à quelle heure elle va pouvoir recevoir le repas.
On est dans quel pays? Qu’est-ce qui se passe? Certains meurent, d’autres fuient le pays, des jeunes. J’ai jamais aimé la politique mais je vais m’y ingérer pas pour ma Maman car qu’importe la dureté de la situation je la vois mais pour les morts, décédés tragiquement et injustement.
Depuis que ma Maman est malade on me refuse de la voir, quand je pars à la prison on me dit qu’ils savent que je suis sa fille mais on ne me laisse pas la voir. Quand on l’amène à l’hôpital avec l’escorte tout le monde se demande ce quel détenue qui est là ? Si c’était du théâtre j’aurai dit que le personnage qu’on lui a donné n’est pas la sienne. On ne cessera jamais de nous battre pour ce pays même à sa sortie de prison, et moi à ses côtés. On n’est plus à l’air où quand une personne sort de prison on prétend qu’il avait voyagé mais plutôt où une foule l’accueille et l’applaudit à la porte de la prison.
J’ai besoin de ma Maman à mes côtés, rien ne vaut ma Maman dans ma vie. J’ai pas besoin d’aucune indemnité que ce soit. Le plus dur est passé qu’on amène ta Maman au prison, tu amènes les repas tous les jours, rendre visite, courir après tous ses besoins même si c’est quasi impossible, qu’elle te dise que ça va hors que ça ne va pas du tout, qu’elle soit entre 4 murs privée de toute liberté. Libérez les detenus politiques. Et on veut comme elle est entrée saine et sauve en prison qu’elle ressort de cet endroit tel quel.
J’ai besoin de ma Maman, elle m’aide sur tout, sur mes études, ses conseils et tout. On ne peut plus entrer dans sa chambre, dès que tu y entres tu vois une personne éclatée en sanglots. Ma petite sœur a tout maigri à force de pleurer.
Déception n’est pas plus grande qu’on lui promette la libération lors de la libération en masse des détenus politiques, qu’elle s’assoive de 8h à 22h à la porte de la prison et qu’on finisse par lui dire que l’ordre de libération n’a pas été reçue pour elle et donc qu’elle reste en prison.
Tous les regards sont fixés sur nous ses enfants, partout où tu passes les gens ont pitié de toi, mais à la fin on est dans quel pays. C’est du jamais vu, 19 mois à chercher des preuves contre une personne sans l’avoir alors libérez la. Ma Maman est une femme de valeur et digne.

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