Coupe de France : Maguette Ndiaye et le Vierzon FC peuvent marquer leur histoire ce mercredi face à Grenoble
À 24 ans, l’international sénégalais (sous les couleurs des Lions indomptables en U20 et U23) Maguette Ndiaye est sur le point d’écrire l’histoire du Vierzon FC (N2) avec ses coéquipiers à l’aube du 8e de finale de la Coupe de France face à Grenoble (Ligue 2). Le club du Cher n’a jamais eu un aussi beau parcours dans la compétition et porte actuellement l’étiquette de Petit Poucet, étant la seule équipe amatrice encore en lice.
Entretien avec Befoot
-L’an dernier tu étais en régional avec St Brice (R1), maintenant tu t’illustres en Coupe de France et tu vas affronter une équipe professionnelle, qui plus est de Ligue 2. Es-tu conscient de l’évolution de ta carrière ?
On voit la différence, ce n’est pas pareil, on entre un peu dans le monde professionnel. Je suis arrivé en France en 2020 lors de la crise sanitaire. Trouver un club était difficile, puis je suis allé à Saint-Brice, qui jouait au niveau régional. Je suis arrivé à Vierzon cette année en fin de la saison. Le projet me plaisait et je m’entendais bien avec l’entraîneur.
À ce niveau (le Vierzon Football Club est monté cette saison en National 2, NDLR), le football c’est notre métier, je n’ai aucune autre profession. On ne va pas dire que l’on n’est pas heureux de notre situation, ce serait mentir. La route est longue, il nous reste pas mal de travail à faire. Mais globalement, il y a une belle marge de progression.
-Il y a un mois lors des 1/16 de la Coupe de France face à Le-Puy-en-Velay, il y a 0-0. La séance de tirs au but arrive et la qualification est au bout de tes gants. Dans quel état d’esprit es-tu tout au long des penaltys ?
Ce n’était pas facile de jouer dans ces conditions (le terrain était enneigé au Puy-en-Velay et il faisait froid, NDLR). Nous nous sommes préparés à l’éventualité des tirs au but. En démarrant le match, on savait que si on passait les 90 minutes, on allait prendre le dessus. Moi-même j’étais persuadé de faire du bon travail lors des tirs au but. J’étais confiant.
-Tu t’es finalement illustré en arrêtant le quatrième tir du Puy. Cet arrêt a ensuite permis à ton équipe de se qualifier en 8e, à quoi on pense dans ces moments d’euphorie ?
On est content, quand tu gagnes c’est logique on ne pouvait pas rêver mieux. Nous avons bien joué alors qu’en championnat c’était dur et cela nous a fait du bien. Ça renforce l’esprit d’équipe aussi c’est important, on s’était bien préparé et au final, on est dans le monde des meilleurs. C’est une fierté de jouer un huitième de finale de Coupe de France. Quand on y pense, il y a des joueurs professionnels qui n’en ont jamais joué.
-Justement, vous êtes actuellement 16e et dernier de votre groupe en N2. L’année 2023 débute finalement bien avec des victoires, récemment face au Stade Bordelais (2-1). Vous-vous voyez remonter la pente ?
La priorité, c’est le championnat. Pour nous, le plus important c’est le maintien en National 2. Concernant la Coupe de France, on ira au bout si on le peut, on donnera tout. C’était un début de saison difficile car au début, j’étais blessé à la suite d’une luxation d’épaule. J’assistais aux mauvais résultats en tribune en étant indisponible. À mon retour de blessure, je voulais faire du bon boulot, ça a pris du temps. C’est le football, c’était dur en début de saison, vraiment. Mais on compte bien rester en N2.
-Vierzon est le seul club amateur à être encore en lice dans ces 8e de finale, c’est quoi votre formule gagnante ?
Beaucoup se posent la question : comment sont-ils qualifiés en étant derniers de leur championnat ? La chance on l’a eu, mais ce qu’on ne peut pas nous enlever, c’est qu’on a la dalle. C’est notre point fort, notre qualité première : on donne tout. Comme j’ai dit, la chance nous a souri à chaque fois. Notre travail a payé. En France, il y avait pas mal de clubs amateurs aussi toujours en lice (à l’aube des 1/16 de finale). Vierzon est le seul club à s’être qualifié, et les gens se focalisent sur nous car c’est notre première année de N2 pour Vierzon, personne ne nous attendait ici, en 8e.
-À en croire les dernières publications de tes coéquipiers sur les réseaux sociaux, l’équipe a l’air d’avoir une excellente cohésion. Une épopée en Coupe, ça rapproche ?
On a un bon état d’esprit, c’est bien. Dans les vestiaires, on est proche. Tout le monde est content. C’est le plus important dans le groupe, on a tous une envie en plus, tout le monde a envie de s’entraîner. Chaque victoire nous rapproche un peu plus.
-Comment vous êtes-vous préparés pour la rencontre de ce mercredi. Les habitudes de l’entraînement ont changé ? Vous avez mis plus d’intensité ?
Chez nous, rien ne change. On s’entraîne comme en championnat. Cette semaine c’était comme d’habitude : entraînement le lundi soir et le mardi matin. On reste sur la même lignée car le coach (en l’occurrence Davy Merabti) est exigeant. Il n’est pas là pour nous dire lever le pied ou d’y aller doucement en fonction de l’importance des matchs. On est toujours au charbon.
-Dans la tête aussi, c’est important d’être préparé. Comment tu abordes la rencontre face à Grenoble ?
De mon côté, je suis bien dans ma tête, je me concentre pour le match. C’est sûr qu’il y aura du boulot, on est là pour ça, pour aider l’équipe. Si on peut le faire, c’est avec plaisir. J’ai des ambitions dans le football et je me prépare chaque jour comme si c’était un nouveau. Les gens s’attendaient à ce qu’on tombe face à un club de Ligue 1, finalement c’est Grenoble. L’objectif c’est d’aller le plus loin, pas d’affronter les gros clubs.
-Vous êtes à 90 minutes d’un exploit. Versailles et Bergerac l’ont fait l’an dernier, pourquoi pas vous ?
J’entends beaucoup l’expression “C’est la Magie de la Coupe de France”. J’y réfléchis et je me dis c’est réel. L’an dernier, nous étions au 7e tour face au Havre (perdu 2-0) et aujourd’hui nous avons atteint les 1/8 de finale, c’est vraiment extraordinaire. Personnellement, je pense qu’il y a moyen, on peut le faire. C’est le football, j’y crois. On verra à la fin du match, on en reparlera. Il ne faut pas trop parler.
-Sur une échelle de 1 à 10, tu estimes à combien vos chances de passer en quart de finale ?
Pour moi, la moitié, on a cinq chances sur dix. Il faut respecter l’adversaire et être humble des deux côtés. On est en huitième de finale, s’il nous a regardés jouer face au Puy, Grenoble doit nous respecter et aligner un onze type, c’est normal. Dans tous les cas, nous n’allons pas arriver en 8e de finale, devant notre public qui est prêt à nous soutenir, en étant défaitistes, c’est impossible. (Le Stade de Brouhot, qui pourra accueillir 2.000 spectateurs, sera à guichet fermé pour la première fois de son histoire, NDLR).
– Vierzon n’a jamais connu un aussi bon parcours en Coupe de France. Es-tu conscient qu’une nouvelle page du club peut être écrite mercredi, et que vous en êtes les auteurs ?
Le fait d’aller dans un club et marquer son histoire, ça reste dans les esprits c’est sûr. On le voit : le club et les spectateurs en parlent beaucoup et sont contents. Pour eux, c’est excellent, mais on n’est pas encore conscient. Une victoire serait historique. On a hâte, c’est normal dans de tels moments. Je l’ai déjà dit, mes ambitions c’est d’aller au plus haut niveau possible. On reste dans notre match, et on verra ce qu’il y aura comme récompense.
– La rencontre est médiatisée partout dans le Cher, forcément, vous êtes le Petit Poucet de la Coupe de France. Qu’est-ce que ça de se dire que tous tes proches et connaissances seront devant la télé mercredi soir ?
“Ça donne un plus, cela nous booste. On n’est pas originaire d’ici, pour la plupart en tout cas. , . Le coach nous dit à l’entraînement que nous sommes en vitrine. On va profiter, j’espère ne pas avoir de regret. Au bled, tout le monde attend le match, ça me fait plaisir.
Le résultat est une chose, mais l’aventure que vous vivez reste la plus importante. Quelles leçons allez-vous tirer de cette magnifique épopée ?
Cela va rester dans nos têtes, on a fait une aventure à Vierzon, ça reste dans le football, ça reste dans l’histoire. J’ai des ambitions dans le football. Moi je vise plus loin, c’est mon métier. Je ne veux pas tirer de conclusions hâtives, je me dis dans ma tête : “je veux aller en quart, en demi”. Les gens ne se rendent pas compte de comment je vois les choses.